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lundi 30 mai 2011

La mère d'Alessia et Livia, Irina Lucidi se confie

Irine Lucidi, et ses deux filles, Alessia et Livia avant leur disparition.
Irina Lucidi a reçu «Le Matin Dimanche» chez elle. A l'occasion de la Journée mondiale des enfants disparus, elle raconte comment elle tient le coup, désormais toute seule avec ses pensées.

Quand vous fermez les yeux le soir, que voyez-vous?
Je me couche et je me réveille avec Alessia et Livia, je les sens dans mes tripes. Ce qui rend la chose difficile, c'est ce grand point d'interrogation: où sont-elles? Le temps s'est arrêté pour moi le 30 janvier, le jour de leur disparition. C'était l'hiver, il y avait encore la neige. Maintenant, c'est le printemps et on en est toujours au même stade.

Leur parlez-vous?
C'est trop tôt. Mais je pense à elles, je les cherche. Je ne suis pas en paix. La porte de leur chambre est toujours ouverte. Le matin j'ouvre les fenêtres de cette pièce qui est très lumineuse. J'y vais parfois. Je m'y sens bien.

A quoi ressemblent vos journées aujourd'hui?
Je dois réapprendre à vivre. Je suis très entourée, mais par moments j'ai besoin de solitude. Cela peut paraître banal, mais pour moi, aller au supermarché, faire les courses pour une personne au lieu d'une famille, retourner sur ces lieux qui ont une histoire, c'est douloureux. Je fais beaucoup de course à pied. Je m'y étais mise quand ça allait mal avec Matthias. J'ai commencé le kick-boxing. Je n'aurais jamais pensé en faire, mais ça me défoule. Il me fallait quelque chose de physique. Je me suis remise à lire aussi. Je lis le livre d'Ingrid Betancourt sur sa détention. Je trouve que mes sensations sont proches de celles qu'elle décrit. A elle aussi, on lui a enlevé sa famille.

Et vos nuits?
Longtemps je n'ai pas réussi à dormir seule. Ma mère dormait avec moi. Maintenant, ce sont les doudous d'Alessia et Livia qui me tiennent compagnie.

Vous devez réapprendre à vivre...
Je recommence tout de zéro. Au début, je vivais au jour le jour. Retrouver la réalité chaque matin au réveil, la journée d'attente, puis le coucher sans sommeil. Et maintenant je ne vois pas plus loin qu'une semaine, voire deux. Il faut faire un pas après l'autre. Reprendre goût aux petits plaisirs de la vie. J'adore cuisiner, cela me détend. Pendant les deux premières semaines, c'étaient les mamans de Saint-Sulpice qui me faisaient à manger. Leur solidarité m'a beaucoup touchée. Je me forçais à m'alimenter.

Ecrivez-vous votre journal pendant cette longue attente?
Oui. J'écris à la main depuis le 10 février dans un cahier qu'on m'a offert. Pas tous les jours. Je n'ai encore rien relu. Mais ça m'aide à comprendre ce que je ressens et ce que je vis. Parce que parfois, je n'ai pas l'impression d'être dans la réalité. Je me dis que je rêve, que je vais me réveiller. Je vis quelque chose d'absurde, d'irréel, d'incompréhensible. L'écriture m'aide à retrouver le lien avec la terre. Avec moi en fait.

Avez-vous essayé de retravailler?
Non, j'en serais incapable. Mes pensées sont complètement occupées par cette affaire. Je me poserai la question plus tard. Que faire, c'est la grande question. J'ai toujours travaillé. Ma vie professionnelle reprendra son cours, mais je ne sais pas encore comment.

Votre famille était très présente. Les voyez-vous toujours?
Oui. A Pâques, nous sommes partis de La Rochelle sur un voilier pour une croisière avec la famille de mon frère. Ça m'a fait un bien fou. Un soir, par un beau coucher de soleil, la cousine d'Alessia et Livia, qui a 7 ans, a dit: «Il faut qu'on fasse un voeu.» Nous nous sommes donné la main sur le bateau, mon frère, sa femme, ses deux enfants et moi, et elle a dit: «Maintenant, on sait à qui on va penser très fort.» Elle était très proche de ses cousines, mais comme tous les enfants qui viennent me voir et me témoigner leur affection, elle ne pose pas beaucoup de questions.

Vous avez des contacts avec la famille de Matthias?
Non. J'aurais souhaité qu'ils s'impliquent davantage dans les recherches, mais je sais que la situation leur est aussi difficile.

Etes-vous croyante?
Je ne l'étais pas, mais aujourd'hui je m'arrête dans des églises. J'allume des bougies. J'ouvre la bible, et je prie à ma façon. Je passe des paris avec Dieu. Si je retrouve mes filles, je lui promets des tas de choses.

Pensez-vous encore les retrouver?
Je veux qu'on les retrouve. Qu'elles soient vivantes ou qu'elles aient été tuées, comme Matthias l'a écrit dans l'une de ces lettres. Ne pas les retrouver crée un vide inacceptable.

A quel moment avez-vous compris que vos filles avaient disparu?
Dès les premières heures, j'ai été très inquiète et j'ai cherché Matthias et mes filles chaque minute. Le dimanche 30 janvier, je suis allée à la maison, et j'ai appelé tous les contacts enregistrés par Matthias. Le mercredi, je suis même partie au milieu de la nuit pour Marseille où il y avait une trace de lui. C'est, vendredi, à la nouvelle de sa mort dans le sud de l'Italie que je me suis rendue compte que la police n'avait plus de traces d'Alessia et Livia.

Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là?
Une grande angoisse. Comme la peur du vide, que rien ne peut vous retenir. J'étais dans une autre dimension. C'est une sensation physique, corporel (ndlr: elle met le poing sur son estomac).

Et aujourd'hui, quatre mois plus tard?
Les moments d'espoir et de désespoir ne se mélangent jamais. Ils s'alternent. L'un passe, l'autre arrive. C'est par période. Alessia et Livia sont des enfants magnifiques, gentilles, douces. Elles protégeaient beaucoup leur papa. Elles l'aimaient beaucoup. Elles n'avaient rien à voir là-dedans. Il a voulu me punir, moi et moi seule.

Vous en êtes certaine?
Oui. Parce que j'avais décidé de partir. Quand je pense à lui, je n'éprouve pas de la haine. Plutôt de la pitié. De la rage, surtout. Et de l'incompréhension. Je ne comprends pas comment il a pu en arriver là. Il n'a jamais été violent. Mais il pouvait avoir des comportements excessifs. Je n'étais plus à l'aise en tant que femme avec lui. C'est tout.

La Journée mondiale des enfants disparus a été célébrée mercredi dernier. Comment l'avez-vous vécue?
C'est Missing Children Europe qui l'a organisée dans tous les pays d'Europe. L'événement a été peu visible en Suisse. Parce qu'il n'y a pas d'institution spécialisée dans les enlèvements parentaux, les fugues, les rapts d'enfants par des tiers. En France, par exemple, il y a une permanence téléphonique qui offre un support juridique, une aide psychologique.

Vous vous êtes retrouvée alors dans un vide institutionnel?
Tout à fait. Je me suis retrouvée seule avec mes proches. Heureusement qu'ils étaient là. Mais ce vide institutionnel pose une question. Un parent a besoin d'être informé lorsqu'il vit un tel drame. Il a besoin de connaître l'évolution de l'enquête. A moi, la police me disait juste: «On n'a rien de neuf.» Les victimes ont besoin d'être rassurées. Si elles ne le sont pas, c'est terrible. Elles ont l'impression que rien ne se fait. Elles se sentent impuissantes.

Quelle solution proposez-vous?
Il faut un médiateur entre la famille de la victime, la police, les avocats et tous les autres intervenants. Quelqu'un qui puisse parler au nom de la famille. Cela n'existe pas en Suisse. Moi, j'ai trouvé Swissmissing (ndlr: une fondation privée tessinoise spécialisée dans la recherche sur le terrain de personnes disparues) qui m'a beaucoup aidée. Nous nous appelons tous les jours, encore aujourd'hui, pour connaître le déroulement de l'enquête. La fondation est devenue la plaque tournante pour mes informations sur l'enquête.

Au fond de vous-même, que pensez-vous qu'il s'est vraiment passé?
Il y a deux possibilités, l'une plus vraisemblable que l'autre. Soit il les a confiées à quelqu'un et elles sont toujours là. Soit il a fait ce qu'il a écrit: «Les filles reposent en paix, elles n'ont pas souffert et aujourd'hui je suis le dernier à mourir.» Dans les deux cas, elles sont quelque part. Il faut les retrouver. On ne peut pas changer le passé. Ce qui est fait est fait. Mais il faut qu'on les retrouve pour savoir ce qu'il s'est passé.

Que pensez-vous de la thèse qui dit que Matthias les a jetées à la mer?
Vous savez, c'est très violent, pour un marin comme Matthias, de jeter ses enfants à l'eau. Il les a peut-être déposées quelque part. Mais je ne pense pas qu'il les a jetées à l'eau.

Un jour l'enquête devra bien se conclure. Vous y pensez?
Je dois m'y préparer. C'est sûr. Et cela me fait très peur, parce que cela veut dire qu'on ne les retrouvera jamais. Moi, je ne demande pas à la police de les ressusciter. Je demande seulement des réponses sur ce qu'il s'est passé. Peut-être que nous ne le saurons jamais. Mais avant de le dire, il faut absolument avoir épuisé toutes les pistes possibles et imaginables. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui.

6 commentaires:

  1. Dernièrement j'ai vu le film récent "l'homme qui voulait vivre sa vie", tiré du livre. L'histoire d'un homme qui a tout pour être heureux, une belle situation professionnelle, une femme et deux enfants magnifiques... Une partie de ce film m'a fait frémir et penser au trajet et parcours en voiture de Matthias Scheep. Certains éléments du film sont assez troublant. Je ne serais pas surpris si Matthias Scheep aurait vu ce film avant cette malheureuse histoire.
    http://www.youtube.com/watch?v=3Cfr5bOTFT8

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  2. Irina pourquoi ne croit on pas la dame de PROPRIANO A9h ce petit village est vide l hiver cette dame ne peut se tromper !Courage je suis mamie et je suis ce drame tous les jours sur le forum!Vos filles sont je suis sure allees en Corse!

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  3. c'est apres que cela DEVIENT flou et pourquoi ne croit-on pas les temoins italiens et ceux de klosters et des iles canaries ??? je prie N-D de ripalta pour vous aider chaque jour

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  4. bonjour, je voulais aider cette femme à retrouver ses enfants,alors je suis allé voir un inspecteur de la police cantonale,qui m'a promis de me mettre en contact avec madame lucidi,la mère des jumelles,j'ai des dons de voyance...j'ai absolument besoin de parler à cette femme...merci

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  5. Je vous invite vivement à m'envoyer à mail, je peux vous aider à la contacter en rendant public votre appel. Elle en entendra peut être parlé si vous avez vraiment des infos probables. Merci de votre aide.

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