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dimanche 6 mars 2011

Hommage à Annie Girardot

Dans les jours à venir et pour quelque temps, l'impressionnante carrière d'Annie Girardot — une centaine de films et de nombreuses pièces de théâtre — sera copieusement retracée. Sur toutes les chaines TV, des rétrospectives, des rediffusions, des hommages se succéderont. Et, lors de ces évocations, notre émotion, nos larmes et nos souvenirs empliront l'espace laissée vide entre elle et nous par cette comédienne attachante. Indéfiniment.
Un paradoxe cependant. Comme souvent après le décès d'une personnalité, sa disparition va nous rendre Annie Girardot plus proche que jamais, presque intime. C'est là toute la puissance, la magie de la mort. Dès qu'elle frappe un être cher, son mystère voilé laisse soudain place à son universelle et inéluctable évidence et à son implacable réalité.
La comédienne Annie Girardot était grandiose, tant par son talent que par sa personnalité. Mais aujourd'hui, ce n'est pas seulement son professionnalisme que l'on acclame. C'est Annie, tout simplement. La femme, l'épouse, l'amante, la mère, l'être humain.
Annie, notre semblable.
Même sans l'avoir personnellement côtoyée, on la connait. On se reconnait dans le reflet de son image. Cette femme authentique a incarné le combat universel et ultime d'une vie humaine. La sienne, la nôtre. Une vie de femme comme une autre, face à l'adversité, au chagrin et à la maladie.
À la différence de trop d'actrices de sa génération, Annie n'a pas cherché à « faire sa star ». Elle n'en a pas éprouvé le besoin, elle n'en a pas eu le temps. Vivre ardemment, aimer à en mourir, être aimé à en perdre la raison avait plus de prix à ses yeux que le paraître et la gloire. Son regard, vrai et nu, laissait entrevoir la souffrance d'une femme bafouée, meurtrie par ces hommes qu'elle avait trop aimés. Sa gouaille et ses confidences trahissaient toute son intégrité de femme populaire, dans tous les sens du terme.
En 2000, dans La Pianiste de Haneke, et au théâtre Montparnasse, de 2001 à 2003, dans Madame Marguerite, Annie Girardot s'était transcendée. Déjà à cette époque, la maladie avait commencé à tisser sa toile, lui faisant parfois perdre la mémoire à en oublier son texte. Dans ces rôles, impressionnante de courage, de justesse et de générosité, Annie avait commencé à défier les symptômes pervers. Afin que, coûte que coûte, la vie et la raison aient le dernier mot et remportent la victoire.
Annie Girardot a rendu les armes le 28 février 2011, à l'âge de 79 ans. Son courageux combat n'a pas été vain. La maladie d'Alzheimer est maintenant devenue « grande cause nationale ».
La recherche scientifique gagne peu à peu du terrain.
Souhaitons qu'un traitement soit rapidement découvert pour porter secours aux si nombreuses victimes de cette redoutable maladie qui engloutit toute une vie humaine, aussi riche fût-elle, dans le néant.


 http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2011/03/04/annie_1486898_3232.html

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