Nombre total de pages vues

Nouveau: Si vous êtes témoin d'un évenement d'actualité envoyez vos photos ou vidéos par mail.

Nouveau: Si vous êtes témoin d'un événement d'actualité envoyez vos photos ou vidéos par mail : alison.derian@yahoo.fr

lundi 7 mars 2011

Chirac: un procès fictif ?

Le tribunal correctionnel de Paris, qui doit juger dès lundi l'ancien chef d'État, sera saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité qui peut reporter le procès


Tout faire au mieux pour que le procès de Jacques Chirac n'ait jamais lieu, au pire pour qu'il n'en reste aucune image. Avocats, conseillers et proches de l'ancien président planchent depuis des semaines et des mois pour épargner à celui-ci l'épreuve du tribunal et l'humiliation des projecteurs.


Il s'est agi, dans un premier temps, de vider le procès de sa substance. Le pouvoir en place a beaucoup aidé en ce sens. Le parquet a fait savoir depuis longtemps qu'il ne prendrait aucune réquisition contre l'illustre prévenu. Et Nicolas Sarkozy a lui-même supervisé un accord de remboursement entre l'UMP et les Chirac d'une part, la Ville de Paris d'autre part, qui a amené cette dernière à retirer sa plainte. Un procès sans réquisitions ni partie civile (sauf si des associations de contribuables prennent la relève) : autant dire que l'ancien président ne risque pas grand-chose.



Gagner du temps


Mais c'est encore trop pour son entourage, qui fait tout pour lui éviter ces quatre semaines de présence au tribunal. Fin janvier, les avocats de l'ancien président avaient demandé un report du procès en se basant sur le fait que des associations contestaient l'accord approuvé par le Conseil de Paris.


Ce report avait été refusé par le président du tribunal Dominique Pauthe, qui se prononcera demain. Mais celui-ci aura surtout à statuer sur une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par l'avocat de l'un des coprévenus de Jacques Chirac. Instaurées par la révision constitutionnelle de 2008, ces QPC permettent à n'importe quel justiciable de contester la constitutionnalité d'une disposition législative. Lorsqu'il en est saisi, le tribunal peut, s'il juge la QPC recevable, la transmettre à la Cour de cassation. Laquelle statue à son tour avant de la transmettre éventuellement au Conseil constitutionnel.


C'est une telle procédure qui a récemment permis au président socialiste de la Région Île-de-France Jean-Paul Huchon d'échapper à l'inéligibilité. Si le tribunal juge demain la QPC recevable, le procès Chirac sera reporté d'au moins trois mois. Trois mois, et peut-être six. Alors nous serons trop près de l'élection présidentielle et les avocats demanderont un nouveau report. Gagner du temps, encore et toujours : tel est leur leitmotiv.


Si le tribunal rejetait la QPC et convoquait comme prévu mardi Jacques Chirac, c'est cette fois sa fille Claude qui a tout prévu : fenêtres calfeutrées, entrée par une porte dérobée, interdiction de filmer ou de photographier à l'ouverture de l'audience… Un seul mot d'ordre, une obsession : pas d'images de l'ancien président au tribunal. Ce n'est pas Chirac qui sortira le grand jeu en haut des marches du Palais de justice et clamera, comme son ancien Premier ministre Dominique de Villepin, « je suis ici par la volonté d'un homme » etc.


Une procédure redoutée


Le voudrait-il que l'ancien président en serait bien incapable. Sa santé est l'objet de toutes les spéculations. Peut-être motive-t-elle aussi le souci de la famille et des avocats de lui épargner à tout prix ce procès. Fatigué, sujet à des sautes de concentration, ne tenant pas en place, Chirac n'est plus homme à faire face à un tribunal, à essuyer le feu roulant des questions, à rester des heures et des heures sur sa chaise. Plus ennuyeux encore, certains craignent que l'ancien président, qui aime plaisanter et de plus en plus sur la gaudriole, ne laisse échapper quelques répliques déplacées…


Jacques Chirac a néanmoins toujours fait montre d'une attitude digne vis-à-vis de ce procès dont la perspective le hante, même s'il n'en parle jamais. « Si l'on a encore quelque chose à me demander, j'irai m'expliquer », a-t-il dit à ses proches. Mais, comme le résume son ami Jean-Louis Debré, « fondamentalement, il ne comprend pas ce qui lui arrive ». Pour lui, ces emplois fictifs ne l'étaient pas vraiment. Reste à savoir si ce procès ne va pas finir par le devenir…

1 commentaire: